Les valeurs libérales canadiennes
Je songeais justement hier au coup de massue asséné par le dernier référendum au 'peuple canadien-français'... Aujourd'hui, Pierre S. Pettigrew profite du 25e anniversaire du premier référendum pour démontrer qu'en 1980, ce que les Québécois ont véritablement choisi en votant non, ce sont les valeurs libérales. Il va jusqu'à affirmer avec une certaine justesse :
Les valeurs pluralistes libérales ont tellement progressé au cours des 25 dernières années que péquistes et bloquistes proposent désormais de faire du Québec un petit Canada. Loin de menacer l'identité québécoise, les communautés culturelles l'enrichiraient. Voilà le discours libéral et canadien qu'ils rejetaient catégoriquement.
Au-delà de la 'petite politique' et du 'au plus fort la poche' que nous révèle la Commission Gomery, il y a la politique vraie des valeurs et des projets de société qui animent un pays. L'analyse du ministre Pettigrew est révélatrice à cet égard; il attribue au verdict populaire un sens positif, celui d'une ouverture aux valeurs libérales (dans le sens non partisan du terme).
Le 20 mai 1980, ce qui a triomphé, c'est un ensemble de valeurs libérales, enchâssées depuis lors dans la Charte canadienne des droits et libertés de la personne. Le contexte de la mondialisation devait rendre ce projet politique canadien éminemment contemporain et tout à fait pertinent.
La victoire des valeurs libérales a fait évoluer le Canada et le Québec en profondeur. Largement attribuable à des Québécois, cette évolution va de plus dans le sens même des aspirations des Québécois, notamment des Montréalais.
Le 20 mai 1980, les Québécois ont nettement préféré l'ouverture au monde dans la promotion des valeurs qui nous caractérisent à la protection frileuse d'une identité singulière par le repli sur soi.
En cette ère de mondialisation, par leur choix de l'ouverture plutôt que du repli, les Québécois ont contraint les péquistes à renoncer à leur nationalisme ethnique d'alors et à s'ouvrir aux communautés culturelles.
En réalité, ce qui explique ces revirements, c'est la juste perception de ce qui motive les Québécois : un Québec certes français mais inscrit dans le projet de société canadien, un projet d'ouverture, de tolérance, d'accueil, de pluralisme, bref un projet libéral.
C'est le Québec qui a apporté au Canada le sens de l'ouverture, le goût du pluralisme, le respect des cultures, bref cette attitude reconnue partout à la fois comme typique du Canada et comme étant particulièrement bien adaptée aux défis actuels et futurs de l'humanité.
Il s'agit là de valeurs absolument fondamentales au sens le plus strict du terme, de valeurs donc qui reposent sur des bases conceptuelles radicales, c'est-à-dire sur une conception de l'être humain, sur une idée de l'État, sur une représentation des rapports entre personnes et groupes de toutes sortes, sur un idéal du monde à construire. En d'autres mots, il s'agit là d'un authentique projet de société.
En songeant hier au dernier référendum, je me disais justement que s'il y en avait un prochain, ce serait alors, paradoxalement et inéluctablement, le coup de grâce du 'peuple canadien-français'.
Il y a 25 ans, le référendum québécois - L'héritage de 1980: un consensus autour des valeurs libérales, dans ledevoir.com, édition du vendredi 20 mai 2005
0 Complément(s) :
Publier un commentaire
<< Home